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Atelier de capitalisation des actions de scolarisation des filles au Tchad

Du lundi 18 au jeudi 21 mars 2024 à N’Djaména, le projet Assistance Technique du Partenariat EDIFIS a soutenu le ministère de l’Éducation Nationale et de la Promotion Civique du Tchad dans l’organisation d’un atelier de capitalisation des actions de scolarisation des filles menées au Tchad sur la période 2018-2023.

Ces vingt dernières années, le Tchad s’est en effet engagé en faveur de l’éducation pour tous, et particulièrement pour celle des filles. Cette volonté s’est matérialisée par la création de la Direction de Développement de l’Education des Filles et de la Promotion de Genre (DDEFPG) en tant que structure dédiée, ainsi que par l’intégration de la scolarisation des filles dans les documents stratégiques, notamment le Plan Intérimaire de l’Éducation au Tchad (PIET) 2018-2020, révisé pour la période 2022-2024.

Les défis rencontrés au Tchad

Malgré les efforts du Gouvernement tchadien, la scolarisation et le maintien des filles à l’école demeurent en-deçà des attentes sur tout le territoire. Les statistiques révèlent des disparités entre les filles et les garçons persistantes, avec un indice de parité de 0,77 (source Analyse Genre du Tchad, Union européenne 2021) inquiétant à tous les niveaux d’enseignement. En effet, des obstacles socio-éducatifs, ainsi que des défis méthodologiques, freinent la mise en œuvre des politiques d’égalité femmes-hommes. Pourtant, de nombreuses actions sont menées avec le soutien des partenaires techniques et financiers du Tchad.

C’est pour répondre à ces enjeux que le MENPC a souhaité mener un processus de capitalisation qui a abouti à un atelier participatif avec différents acteurs et actrices du secteur. Cet atelier avait pour but de recueillir leurs bonnes pratiques, innovations et enseignements tirés des projets qu’ils ont menés et ainsi proposer des solutions aux enjeux identifiés, qui pourront ensuite être intégrées dans la nouvelle stratégie de scolarisation des jeunes filles actuellement en cours d’élaboration.

 

Un atelier participatif

L’atelier a réuni des professionnels de terrain issus de différentes organisations ayant pris part à cinq projets phares, dont 52% étaient des femmes. Il s’agit du  Projet SWEDD (DDEFPG, UNFPA, ADI, ADESOL, PDR, ADES), du Projet d’épanouissement et de soutien scolaire des filles dans la province du Guéra (ONG Foi et Joie), du Projet Briser les barrières à l’éducation des filles (Consortium PAM-UNFPA-UNICEF), du Projet Le défi de la crise oubliée au Tchad. Les organisations de la société civile qui luttent contre les violences de genre (Fondation ACRA), et le Projet Initiative Femmes Enseignantes et Éducation des Filles en Afrique (FAWE) étaient également représentés. L’approche participative de l’atelier, animé par les expertes de l’assistance technique du Partenariat EDIFIS a permis à chacun.e de s’exprimer et de générer une dynamique de collaboration et de partage. A l’issue de l’atelier, les leçons apprises et les bonnes pratiques collectives ont été analysées et présentées par les participant.es. Elles feront l’objet de fiches de capitalisation qui seront largement diffusées afin de bénéficier à l’ensemble des acteurs et actrices du secteur de l’éducation au Tchad, et in fine aux jeunes filles tchadiennes.

« (…) ce que je retiens de cet atelier, c'est le partage d'expériences avec d'autres projets, d'autres acteurs. J'ai appris beaucoup de choses, ces expériences apprises me permettront à moi et à mon organisation d'améliorer, une fois de plus, notre intervention (…)»
Etienne Bexoubo
Coordinateur technique genre de la Fondation ACRA

L’empowerment des filles, levier essentiel pour la scolarisation

Les bonnes pratiques des projets présents à l’atelier ont démontré que l’empowerment des filles est crucial pour leur scolarisation. L’approche genre doit être indissociable des stratégies éducatives, avec un focus aussi bien sur les inégalités d’accès que sur les comportements stéréotypés qui freinent la scolarisation des jeunes filles. Les initiatives capitalisées ont ainsi travaillé à la fois sur la sécurisation des écoles que sur des clubs d’hygiène menstruelle. Travailler avec les enseignants et les parents, surtout les mères, apparaît également vital, de même que sensibiliser et inclure les garçons et les hommes dans les activités en tant qu’alliés. Enfin, il est apparu essentiel d’impliquer davantage de femmes dans la gouvernance éducative, à travers la promotion de modèles féminins et masculins égalitaires.

La pérennité des actions en faveur de l’égalité femmes-hommes

La durabilité des actions pour l’égalité femmes-hommes a aussi été au cœur des échanges car elle représente un défi important pour les politiques publiques et les acteurs sur le terrain.
À titre d’exemple, la Direction de l’Éducation Inclusive et des Actions d’Urgence s’engage dans l’éducation informelle des enfants âgés de 9 à 14 ans, en réponse à la pénurie d’enseignants dans les écoles. Adoptant une stratégie « Faire-faire », inspirée du projet SWEDD, elle propose des formations techniques et professionnelles, visant à intégrer l’école à l’apprentissage des petits métiers. Parallèlement, l’initiative de Foie et Joie s’articule autour des activités génératrices de revenus pour les parents, telles que les champs communautaires et la culture maraîchère, assurant ainsi la pérennité des actions. Ces revenus contribuent au financement des salaires des enseignants et des frais scolaires.