Au Tchad, une étape décisive a été franchie pour appuyer l’entrepreneurial féminin. Du 2 au 3 juin 2025, un atelier national, organisé avec le soutien de l’assistance technique du Partenariat EDIFIS, a réuni à N’Djamena plus de 70 acteurs et actrices venus de tout le pays pour poser les bases de la future Chambre Nationale de l’Entrepreneuriat Féminin (CNEF).
Une volonté politique forte en faveur de l’égalité économique
L’entrepreneuriat féminin est un levier crucial pour le développement économique. Si les femmes dirigent 57 % des entreprises agricoles du pays, leur présence dans le secteur formel reste faible : seules 5 % des entreprises enregistrées sont pilotées par des femmes (RGE 2014). Les écarts de revenus entre les hommes et les femmes entrepreneures demeurent importants, avec des bénéfices inférieurs de 77 % en moyenne pour ces dernières (Global Dev, 2021).
Conscient de ces disparités, le Gouvernement tchadien a adopté en 2022 une Stratégie Nationale de l’Entrepreneuriat Féminin (SNEF). Celle-ci prévoit notamment la création d’une institution dédiée : la Chambre Nationale de l’Entrepreneuriat Féminin (CNEF).
Un atelier pour mobiliser et co-construire
Organisé par le Ministère du Commerce et de l’Industrie, avec l’appui de l’assistance technique du Partenariat EDIFIS, l’atelier de lancement de la CNEF avait pour ambition de transformer cette volonté politique en action concrète. Ainsi, pendant deux jours, les échanges ont permis de :
- Partager les grandes orientations de la SNEF et les articulations avec les politiques existantes (SNDSP, SNC) ;
- Présenter le décret de création de la CNEF et son cadre de gouvernance ;
- Cartographier les initiatives existantes en faveur de l’entrepreneuriat féminin ;
- Élaborer une feuille de route participative pour l’opérationnalisation de la Chambre.
Une méthodologie participative et innovante
L’atelier a misé sur une animation dynamique et une approche participative. Ainsi, cinq groupes de travail, alignés sur les axes de la Stratégie Nationale de l’Entrepreneuriat Féminin (SNEF), ont permis aux participantes issues des 23 provinces d’identifier les principaux défis, comme l’accès au financement, la formation, la commercialisation, la couverture sociale, puis de proposer des actions concrètes, ancrées dans leur réalité (développement des tontines, assurances adaptées, simplification administrative…).
La méthodologie visait aussi à créer une dynamique d’engagement. Une large place a été laissée à l’expression des expériences vécues des femmes entrepreneures . Cette séquence, très émouvante, a permis de mettre en lumière la capacité d’action et d’innovation des femmes sur le terrain. Un tour de table final a permis aux participantes de formuler des résolutions fortes comme par exemple un plaidoyer fiscal et la vulgarisation de la SNEF.
Des propositions pour relever les défis de l’entrepreneuriat féminin au Tchad
L’atelier a permis d’identifier les principaux défis à relever pour favoriser l’entrepreneuriat féminin au Tchad, en cohérence avec les cinq axes de la SNEF. Les participantes ont identifié des obstacles récurrents tels que la complexité des démarches administratives, l’inaccessibilité au financement, le manque de formation technique, les difficultés d’accès aux marchés et l’absence de couverture sociale. À chaque problématique, des actions concrètes ont été proposées : simplification des procédures, développement de la microfinance et des tontines, renforcement des capacités, création de plateformes de commercialisation, ou encore mise en place d’assurances adaptées. Ces propositions alimenteront les priorités de la future Chambre Nationale de l’Entrepreneuriat Féminin (CNEF).

Focus sur la gouvernance et l’échéancier
L’atelier a aussi permis de préciser les modalités de la gouvernance de la CNEF, incluant :
- La structure institutionnelle et les missions de la Chambre ;
- Le processus électoral pour constituer son bureau ;
- Les critères d’éligibilité pour les électrices et les candidates.
Un plan d’action précis a été construit collectivement, balisant les étapes-clés du processus : désignation des instances, mobilisation des partenaires, appui technique, déploiement territorial…
Une mobilisation multisectorielle
Autour de la table, une diversité d’acteurs était représentée : les ministères clés tchadiens (Commerce, Finances, Famille), les chambres consulaires (CCIAMA, CNPT), les partenaires techniques et financiers (AFD,Expertise France ), mais aussi les institutions de microfinance, les incubateurs, et les réseaux d’entrepreneures.