Mettre en réseau et accompagner les observatoires du genre en Afrique

Les observatoires du genre sont aujourd’hui des institutions clés pour accompagner la transformation des politiques publiques en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes en Afrique. Avec l’appui de l’assistance technique EDIFIS, un premier atelier régional s’est tenu du 26 au 28 mai 2025 à Abidjan, réunissant les représentantes et représentants des observatoires du genre de cinq pays de la région : le Tchad, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et la Guinée afin de favoriser leur mise en réseau et leur renforcement individuel et collectif.

Mutualiser les expériences et les bonnes pratiques des observatoires

Un des objectifs de cette rencontre était le partage et la capitalisation d’expériences des différents observatoires sur les défis rencontrés, les bonnes pratiques et les leçons apprises, afin de permettre de renforcer leur efficacité au niveau national et régional.

Nous sommes un jeune observatoire au Tchad, créé en 2022. Depuis, nous avons pu mettre en place des actions concrètes comme la création de la base de données qui couvre plusieurs thématiques, ou l’harmonisation des outils de collecte sur les VBG ou encore nous avons mené des actions de plaidoyer auprès de l’Assemblée nationale. Mais nous avons de grands défis qui nous attendent tels que la mise en place de nos commissions thématiques ou la difficulté de mobilisation des ressources. Il est intéressant pour nous de savoir comment les autres observatoires ont franchi ces étapes.
Mme. Zilekha
Secrétaire exécutive adjointe de l'observatoire pour la promotion de l'égalité et de l'équité de genre du Tchad (OPEG).

Des échanges entre les observatoires, il est ressorti comme un des acquis majeurs, l’existence ou la construction d’outils de veille, de référentiels, de matrices de collecte, de bases de données ou encore de rapports annuels qui alimentent la veille stratégique. Si les outils ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre, des efforts importants ont été faits pour structurer le suivi des inégalités de genre. 

En matière de bonnes pratiques, l’existence de plans de communication opérationnels, alliant les canaux de communication traditionnels et digitaux a été saluée par les participantes et les participants. Certains observatoires ont également pu présenter des actions de plaidoyer menées qui ont permis d’influencer avec succès les politiques nationales.

Capitaliser pour relever les défis prioritaires en faveur de l’égalité

Malgré les résultats obtenus tels que l’adoption de réformes législatives, la structuration d’outils de suivi, le déploiement de campagnes de sensibilisation, la publication de rapports annuels, ou encore la mise en place de mécanismes d’alertes, les observatoires restent fragilisés par d’importants défis persistants. Sont ressorties de l’atelier comme difficultés communes et prioritaires, le besoin de renforcer les ressources humaines et financières, la nécessité d’améliorer l’accès aux données désagrégées et la pertinence de renforcer la coordination multi-acteurs, en particulier avec les OSC et avec les institutions de production de statistiques nationales.  

Ces contraintes soulignent l’urgence d’un renforcement institutionnel, technique et financier des observatoires du genre afin de garantir leur efficacité, leur durabilité et leur rayonnement. Des pistes de capitalisation claires ont ainsi pu émerger. En termes de chantiers prioritaires,  les participantes et les participants se sont accordés sur l’opportunité de développer des outils communs et des dispositifs partagés pour la veille, la communication et le plaidoyer ; de renforcer les capacités internes des équipes, en particulier sur les volets techniques et stratégiques ; et d’institutionnaliser les mécanismes de collaboration avec les organisations de la société civile, les partenaires techniques et financiers et les ministères sectoriels.

La capitalisation systématique des bonnes pratiques est également ressortie comme une dynamique essentielle permettant de nourrir les politiques publiques et d’accroître l’impact des observatoires à tous les niveaux.

Une première mise en réseau appelée à s’élargir et à se pérenniser

Nous avions eu la chance de faire un premier voyage d'échanges expériences très intéressant avec l'Observatoire de la Côte d'Ivoire en 2023. Cet atelier est une opportunité pour nous d'échanger avec les autres observatoires de la région avec lesquels nous souhaitons vraiment développer des relations et établir des partenariats.
Franco Joseph Nateguingar
Secrétaire Exécutif de l'Observatoire pour la promotion de l'égalité et de l'équité de genre (OPEG)

Lors de l’atelier, les échanges fructueux entre les participantes et participants ont permis d’identifier des opportunités de collaboration et d’actions conjointes par pays et au niveau régional. Les observatoires réunis ont décidé de relancer un réseau d’observatoires du genre, fondé sur l’échange, l’apprentissage mutuel et la mutualisation des ressources, avec comme noyau dur, les cinq observatoires présents.  Les observatoires ont désigné un secrétariat permanent qui sera chargé de consolider et d’opérationnaliser le plan d’action dont les grandes lignes ont été discutées lors de l’atelier. L’objectif à terme est d’élargir le réseau à d’autres observatoires du genre en Afrique pour avoir plus de poids et de reconnaissance au niveau national, régional mais aussi international.

Prochaines étapes pour le réseau des observatoires

Dans la continuité de l’atelier régional d’Abidjan, les cinq observatoires ont sollicité un nouvel appui de l’assistance technique du Partenariat EDIFIS pour accompagner la structuration du Réseau, finaliser le plan d’action commun et renforcer les capacités de ses membres. À très court terme, le Forum africain sur les observatoires du genre et de la parité, prévu du 8 au 10 juillet 2025 à Dakar avec l’appui du projet Women Count, offrira une opportunité stratégique pour officialiser le réseau, élargir ses membres, présenter son plan d’action et mobiliser des partenaires.