L’importance d’une approche multisectorielle et intégrée entre acteurs publics pour répondre plus efficacement aux enjeux de genre dans les politiques publiques.
Des avancées limitées en matière d’égalité de genre
Les progrès réalisés ces dernières années en matière d’égalité de genre en Afrique de l’Ouest, bien que significatifs, sont encore loin d’être à la hauteur des différents enjeux et Objectifs de développement durable. Les institutions publiques nationales, ministères sectoriels et ministères en charge de l’égalité de genre, pourtant garantes de la promotion et la protection des droits des femmes et des filles, sont souvent bien en incapacité d’atteindre les objectifs qui leur ont été attribués au vu des différents obstacles auxquels elles sont confrontées.
Priorités nationales et institutionnalisation de genre
L’égalité femmes-hommes fait pourtant partie des priorités nationales de nombreux pays de la région. Elle fait également partie des priorités des partenaires techniques et financiers et des institutions régionales comme l’UEMOA qui appuient les états à institutionnaliser le genre. Cette démarche qui vise à systématiser l’intégration du genre dans les politiques publiques et dans les institutions à travers des mécanismes, dispositifs et règles appropriés, a connu de nombreuses avancées depuis qu’elle a été créée, il y a une trentaine d’années. Des cellules genre ont ainsi vu le jour dans de nombreux ministères sectoriels des pays d’intervention du Partenariat EDIFIS et des stratégies nationales ont reconnu l’importance de cette institutionnalisation pour amorcer le changement souhaité.
Les limites de la démarche
Force est de constater que les progrès réalisés à ce niveau n’ont malheureusement pas été suffisants pour répondre aux difficultés éprouvées par les ministères sectoriels à contribuer à l’effort d’égalité femmes-hommes. En effet, à défaut d’ancrage institutionnel à plus haut niveau et d’accroche stratégique, la seule présence de cellules genre dans les ministères sectoriels, même dotées, équipées et formées, n’a pas suffi à pleinement intégrer le genre dans les politiques, programmes et budgets des institutions sectorielles. De manière analogue, les progrès consentis en matière d’institutionnalisation du genre n’ont pas permis aux ministères en charge de l’égalité femmes-hommes d’être mieux et davantage dotés en ressources humaines et financières. Ce manque de moyens impacte directement les capacités d’action de ces ministères, pourtant en charge de l’application et du pilotage de la politique ou de la stratégie genre de leur pays, en lien avec les sectoriels.
L’approche multisectorielle comme réponse aux défis identifiés
Face à ces constats et enjeux persistants pour atteindre l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles, face également à la nature profondément multidimensionnelle des inégalités de genre, il devient primordial de penser à une vision de l’institutionnalisation du genre qui dépasse les défis sectoriels et qui se veut transversale (applicable à tous les domaines) et structurelle (applicable à tous les niveaux). En travaillant sur la complémentarité et la collaboration entre secteurs et autorités de tutelle, l’approche multisectorielle et intégrée a l’avantage de faire prendre conscience aux acteurs concernés des enjeux communs et des facteurs sous-jacents et interconnectés qui les lient. Elle améliore également la coordination entre institutions et le partage des ressources et des bonnes pratiques. Elle a enfin le mérite de renforcer le rôle du ministère en charge du genre comme acteur central et responsable du pilotage de l’institutionnalisation du genre.
Convaincu des bien-fondés de cette approche, convaincu également que c’est à ce niveau qu’il peut faire une différence, le projet Assistance Technique EDIFIS y a dès lors recours systématiquement dans les actions d’accompagnement qu’il propose aux ministères de la région.