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Atelier intersectoriel sur l’institutionnalisation du genre au Tchad

À N’Djamena, le ministère de la Femme et de la Protection de la Petite Enfance, avec l’appui du Partenariat EDIFIS, a organisé un atelier sur l’institutionnalisation intersectorielle du genre au Tchad. L’événement a réuni des représentant.es de plusieurs ministères et autres institutions nationales, des partenaires techniques et financiers ainsi que des organisations de la société civile, afin d’échanger sur les défis et d’identifier ensemble des pistes d’actions concrètes.

Institutionnalisation du genre au Tchad : des avancées mais aussi des défis

Le Tchad a pris des engagements forts en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le pays a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), ainsi que plusieurs accords internationaux et régionaux. Sur le plan national, un tournant a été pris en 2017 avec l’adoption de la Politique Nationale Genre (PNG), marquant une volonté d’avancer sur cette question.

Depuis, plusieurs avancées notables ont vu le jour : des lois ont été adoptées pour interdire le mariage des enfants, criminaliser les violences faites aux femmes et promouvoir l’égalité des droits. Des structures ont également été mises en place, comme l’Observatoire pour la Promotion de l’Égalité et de l’Équité de Genre (OPEG), pour suivre les efforts dans ce domaine.

Mais malgré cette dynamique, des obstacles demeurent. Le manque de ressources, qu’elles soient techniques ou financières, freine les actions sur le terrain. Les outils de suivi et d’évaluation sont encore trop faibles, et la coordination entre les ministères reste limitée. Ces freins ralentissent la concrétisation des engagements portés par la PNG et rappellent combien il est crucial de renforcer les dispositifs existants pour que le genre soit pleinement intégré dans les politiques publiques.

Ainsi, un atelier de coordination a été organisé à N’Djamena afin d’échanger sur ces défis et d’identifier ensemble des pistes d’action concrètes pour y répondre.

Atelier de N’Djamena : partage d’expériences et bonnes pratiques

Les participantes et participants ont échangé sur les résultats de l’état des lieux de la mise en œuvre de la PNG et du diagnostic institutionnel respectivement conduits en 2024 et 2025 avec l’appui de l’assistance technique du Partenariat EDIFIS. Ils ont également partagé les expériences des 19 ministères sectoriels représentés, en identifiant les réussites et les difficultés rencontrées.

Parmi eux, le ministère de la Santé, qui, en collaboration avec l’OPEG et avec l’appui du projet PASST 3, financé par l’AFD et mis en œuvre par Expertise France, travaille actuellement sur la mise en place d’une cellule genre. Avec l’implication du ministère de la Femme et de la Protection de la Petite Enfance, cette démarche pourrait constituer une référence et un levier de plaidoyer pour encourager la création de cellules genre dans l’ensemble des ministères sectoriels.

Renforcer les capacités des points focaux genre au Tchad

Au-delà du partage d’expériences, l’atelier a permis de renforcer les compétences des participant.es. Grâce à des sessions interactives et à des exercices pratiques, les 43 représentant.es des ministères, PTF et organisations de la société civile ont approfondi leurs connaissances sur les concepts du genre et de l’analyse genre.

Les travaux collectifs, avec des outils tels que l’arbre des causes des inégalités et le schéma de l’exclusion, ont permis d’identifier les origines et les mécanismes de discrimination. La formation a enfin abordé les fondements de l’intégration du genre dans les politiques et programmes, en abordant des éléments clés tels que la réalisation de diagnostics, la définition d’objectifs et d’activités, la mise en place de dispositifs de suivi-évaluation et de budgets sensibles au genre.

Enseignements majeurs de l’atelier intersectoriel

L’atelier a mis en évidence l’importance de disposer d’un cadre institutionnel solide et d’outils opérationnels efficaces pour assurer l’intégration du genre dans les politiques publiques. La forte mobilisation des ministères sectoriels, et d’autres institutions nationales a révélé des problématiques partagées, mais aussi des initiatives prometteuses pour le renforcement de l’intégration transversale du genre au Tchad.

La nécessité d’une approche coordonnée a été soulignée par l’ensemble des participant.es. La création progressive de cellules genre, en remplacement des points focaux, a été identifiée comme un levier stratégique pour renforcer la continuité et la cohérence des actions.

Enfin, le terme « genre » a suscité de nombreux échanges entre les participant.es, mettant en lumière la diversité des perceptions et des sensibilités autour de cette notion. Plusieurs intervenant.es ont souligné la nécessité d’engager un dialogue national, à travers des consultations communautaires ou des assises dédiées, afin d’aboutir à une définition partagée et adaptée au contexte tchadien.

Perspectives pour l’institutionnalisation du genre au Tchad

À l’issue des travaux, les participantes et participants, sous le leadership du Ministère de la Femme et de la Petite Enfance, ont convenu de renforcer la coordination entre ce dernier et les représentant.es des ministères sectoriels.

Le MFPE s’est également engagé à instaurer un dispositif de suivi régulier et à porter un plaidoyer pour accélérer l’institutionnalisation des cellules genre.