Du 25 au 27 novembre 2024, N’Djaména, la capitale du Tchad, a accueilli un événement majeur dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) : l’atelier régional du Partenariat EDIFIS. Cet atelier, organisé sous la présidence de la Ministre d’État, Ministre de la Femme, de la Promotion de la Petite Enfance et de la Solidarité Nationale, Madame Amina Priscille LONGOH, a réuni des acteurs clés de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du golfe de Guinée. L’objectif principal était de valoriser les initiatives des organisations de la société civile (OSC), de promouvoir un dialogue interinstitutionnel et de renforcer les politiques publiques pour une prise en charge multisectorielle des VBG.
Les objectifs de l’atelier régional
L’atelier de trois jours s’inscrivait dans le cadre de la campagne internationale des 16 Jours d’Activisme de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. Ainsi, il visait à :
- Valoriser les actions des OSC, soutenues par le Fonds Genre Sahel, pour lutter contre les VBG, partager les leçons apprises et les bonnes pratiques.
- Partager les expériences et engager un dialogue de politique publique multi-acteurs (institutions gouvernementales nationales des pays d’intervention, partenaires techniques et financiers, OSC) autour des VBG.
- Mener un plaidoyer de haut niveau pour renforcer les politiques publiques en matière de prévention, de lutte et de prise en charge intégrée et multisectorielle des VBG.
Déroulement de l’atelier du Partenariat EDIFIS
La première journée a été dynamique et enrichissante, avec des animations et des expositions des OSC, mettant en lumière leurs initiatives contre les VBG. Des présentations ont suivi, offrant un aperçu des données relatives aux VBG dans la région et des initiatives au Tchad et au Sénégal. L’après-midi a été consacré au partage des produits de capitalisation des OSC et à des discussions sur les actions prioritaires à entreprendre.
Le deuxième jour a, quant à lui, mis l’accent sur les violences en milieu scolaire et la santé de la reproduction. Les ministères de l’Éducation et de la Santé ont présenté leurs stratégies, tandis que les OSC ont partagé leurs expériences et produits de capitalisation. Des tables rondes ont permis d’identifier des solutions concrètes pour lutter contre ces violences.
La dernière journée a été consacrée à la collecte et à la gestion des données sur les VBG. Les participants ont exploré les outils statistiques, les indicateurs et les sources de données émergentes. L’objectif était de formuler des recommandations concrètes pour améliorer la qualité et l’utilisation des données.
Cet atelier a été une véritable plateforme d’échange et de collaboration, renforçant l’engagement collectif dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Les discussions ont permis de partager des expériences, des bonnes pratiques et des défis, tout en formulant des recommandations pour renforcer les politiques publiques et les actions sur le terrain.




Échanges et solutions contre les VBG à l’Atelier EDIFIS
Lors de l’atelier régional du Partenariat EDIFIS, les présentations et panels ont été riches en échanges et en apprentissages. Madame Khady BA, représentante du projet WOMEN COUNT du Sénégal, a permis aux participants de se familiariser avec les concepts de base des violences basées sur le genre (VBG) et de rappeler les différents types de VBG, ainsi que les définitions et challenges en termes d’utilisation des données statistiques. Monsieur Asbakreo Fittouin, Directeur Général de la Promotion du Genre et de l’Autonomisation de la Femme au MFPE du Tchad, a dressé un état des lieux des VBG au Tchad, révélant que les violences sexuelles représentent 26,12 %, les violences physiques 21,49 %, et les violences psychologiques 16,23 %. Sur 8470 cas de VBG, 6171 concernent des femmes, soit 72,85 % des cas.
Cinq OSC soutenues par le Fonds Genre Sahel ont partagé leurs expériences en matière d’autonomisation des femmes et des filles, comme le PILC au Tchad, qui mène des actions de prévention et de prise en charge des violences de genre à travers l’accompagnement économique des jeunes femmes et l’accès à l’école pour les filles.
De plus, un panel composé de représentants des observatoires du Sénégal, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire et du Tchad, ainsi que de l’INSEED du Tchad, a animé une session de partage sur les actions menées et les défis à relever pour améliorer la collecte et l’utilisation des données statistiques de genre. Les échanges ont été dynamiques et ont permis de formuler des recommandations concrètes pour renforcer les politiques publiques et les actions sur le terrain.
Recommandations et engagements à l’issue de l’atelier
À l’issue de cet atelier, les institutions publiques, les organisations de la société civile et les partenaires techniques et financiers ont formulés des recommandations pour renforcer l’efficacité des stratégies existantes pour lutter contre les violences basées sur le genre, dont :
- La mise en place d’un mécanisme opérationnel de veille par rapport à l’application de la loi pénale à l’égard des auteurs de violences basées sur le genre.
- La prise en compte des nouvelles formes de violence en lien avec la digitalisation.
- La promotion des approches novatrices de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et les dénonciations des violences sexuelles.
- La mobilisation des ressources pour financer les interventions de prévention et de réponse aux violences basées sur le genre.
- L’expérimentation d’un dispositif national de prévention et de gestion des violences basées sur le genre en milieu scolaire avec la collaboration de toutes les parties prenantes.
Les participants, qu’ils soient issus des institutions publiques, de la société civile, ou des partenaires techniques et financiers ont salué la richesse des enseignements et la qualité des échanges, qui leur permettront de renforcer leurs actions pour lutter contre les violences basées sur le genre.