Mauritanie

Depuis longtemps, la Mauritanie est un lieu d’échange où ont convergé diverses civilisations, notamment les empires du Mali, du Ghana, des Almoravides. Cette succession de peuples a fait de la Mauritanie une terre de brassage éthnique et culturel aussi riche que variée.

La Mauritanie a ratifié la plupart des instruments juridiques internationaux et régionaux reconnaissant aux femmes et aux hommes l’égalité de genre, dont le Protocole de Maputo, la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Résolution 1325 des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité.

La Mauritanie a également déployé de nombreux efforts pour renforcer son arsenal juridique et législatif national en ce sens. Elle reconnaît ainsi, à travers sa constitution de 1991, l’égalité devant la loi de tous les citoyens, notamment sans distinction de sexe, ainsi que toute une série de droits, dont ceux de la propriété, de l’héritage ou encore de la participation à la vie politique (vote, éligibilité, militantisme). Elle interdit toute discrimination fondée sur le genre, à travers sa Loi 2018-023 et sa Stratégie Nationale d’Institutionnalisation du Genre (2015-2025) qui réaffirme également l’égalité de genre. Enfin, la création en 2020 d’un Observatoire National des droits des femmes et des filles vient parachever un arsenal institutionnel, composé entre autres d’un Comité Interministériel Genre et de cellules genre au niveau des ministères sectoriels.

Ces avancées juridiques, politiques et institutionnelles visant à promouvoir les droits des femmes et des filles, bien que notables, sont toutefois insuffisantes pour répondre aux enjeux de genre de la société mauritanienne. Ainsi, dans les trois domaines soutenus par le Partenariat EDIFIS, l’éducation, la santé de la reproduction et l’insertion socio-économique, des efforts peuvent encore être consentis par le Gouvernement mauritanien pour atteindre l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles à l’horizon 2030 (ODD5).

Au niveau de l’éducation primaire, la Mauritanie a depuis 20 ans dépassé l’indice de parité de genre en ce qui concerne le taux net de scolarisation. C’est plus récemment qu’elle a obtenu les mêmes résultats dans l’accès aux premier et deuxième cycles du secondaire. Son défi réside à l’heure actuelle dans le taux d’achèvement des jeunes filles au dernier cycle du secondaire (20,3%) et dans leur accès au niveau supérieur d’études (4,37% en 2019, données extraites de l’Institut Statistique de l’UNESCO).

Au niveau de la santé de la reproduction, la Mauritanie accuse un taux de mortalité de 464 femmes pour 100.000 naissances vivantes en 2020. Le système de santé mauritanien fait face à un manque important de ressources, avec peu de professionnels de la santé, comme l’atteste le taux de naissances assistées par un personnel qualifié, de 69%. Et seules 9% des femmes en âge de procréer ont accès à une méthode de contraception moderne en 2023 (données issues de l’UNFPA).

Enfin termes d’emploi et d’insertion professionnelle, les femmes représentent 38,5% de la population de la population active occupée, avec une prédominance dans le secteur informel et les emplois précaires. Plus entreprenantes que les hommes mauritaniens, elles ont un taux d’auto-emploi de 79,6% contre 49,6% pour les hommes, hors secteur agricole. Elles se retrouvent majoritairement dans le commence, la transformation de produits agroalimentaires et la restauration, et sont moins représentées voire quasiment inexistantes de certains postes à responsabilité dans le secteur public ou privé ou encore dans les métiers à perceptions stéréotypées (élevage, pêche, construction, etc) (données issues de l’enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel, ONS 2017).

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Les actions du Partenariat EDIFIS en Mauritanie

En Mauritanie, le Fonds Genre Sahel soutient trois initiatives innovantes mises en place par des organisations de la société civile locales :
Banlieues du Monde Mauritanie (BDM) et l’Association Mauritanienne des Commune du Sud (AMCS) ont développé une initiative qui intervient dans les communes de Boghé, Dar El Avia, Ould Birom et Dar El Barka pour améliorer l’influence et le pouvoir d’action des femmes dans les activités sociocommunautaires.

– Sawt El MaraaErriviya (la voix des femmes rurales) est une initiative créée par le Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie (CSVVDH), en partenariat avec l’Association Terre Espoir pour le Développement (ATED), elle œuvre dans six communes, Boghé, Dar El avia, OuldBirom, Dar El Barka, Bababé et El Verea. L’initiative a pour objectif général de contribuer à l’égalité des sexes et au développement local durable et inclusif pour améliorer durablement les compétences techniques et le leadership des femmes des 6 territoires cibles.

– Dans la commune d’El Mina, le Fonds Genre Sahel accompagne l’association SOS Pairs Educateurs pour son Centre d’Appui à l’Education et à l’insertion des Jeunes Filles (CAP EDUC -INSERT FILLES). L’objectif de cette initiative est de promouvoir l’autonomisation socio-économique des jeunes filles de la commune à travers des formations professionnelles ciblées pour une insertion dans des activités génératrices de revenu valorisantes.

L’Assistance Technique EDIFIS soutient :

  • Le ministère de l’Économie et du Développement Durable pour dresser un diagnostic de l’état d’application de l’approche genre dans le ministère et élaborer une stratégie genre, un plan d’action, un plan de suivi-évaluation et des outils pour leur opérationnalisation. Un second appui pour l’intégration du genre dans la stratégie nationale du secteur privé (MEDD) et la conception d’une base de données genre du MEDD complétera cette action.