Sénégal

Le Sénégal est la deuxième économie d’Afrique de l’Ouest francophone. Le pays peut s’appuyer sur de nombreux atouts : sa tradition démocratique, sa situation géographique, sa population jeune, son énorme potentiel agricole, minier et touristique, ainsi que le dynamisme de sa diaspora.

Le Sénégal a ratifié la quasi-totalité des instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits des femmes dont la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le protocole de Maputo, relatif aux droits des femmes en Afrique. Le Sénégal est par ailleurs partie prenante du Programme et des Objectifs de Développement Durable (ODD 2030) et de l’Agenda 2063 de l’Afrique, à travers son Plan Sénégal Émergent qui intègre le genre comme élément de participation inclusive et équitable au processus de développement.

Ces engagements ont été retranscrits dans plusieurs instruments juridiques et politiques nationaux, comme :

  • la Constitution de 2001 qui reconnaît le principe d’égalité entre les femmes et les hommes,
  • la deuxième génération de la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (2016-2026) qui constitue le document de référence du Sénégal dans sa politique d’égalité femmes-hommes.

Néanmoins, malgré la ratification des traités internationaux et la retranscription en droit national du principe d’égalité, le Sénégal tarde à harmoniser certaines dispositions, notamment dans son Code du travail, son Code pénal et son Code de la famille, lesquels contiennent encore des dispositions discriminatoires à l’égard des femmes. De même, malgré les efforts consentis par le gouvernement,  certaines croyances et pratiques des populations sénégalaises maintiennent des inégalités entre les sexes et accentuent les stéréotypes de genre.

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Ainsi, dans les trois domaines soutenus par le Partenariat EDIFIS, l’éducation, la santé de la reproduction et l’insertion socio-économique, des efforts peuvent encore être faits pour atteindre l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.

Au niveau de l’éducation primaire, des progrès majeurs ont été réalisés ces dernières années par le Sénégal dans l’accès des jeunes filles (93,86% en 2017 – Profil genre Sénégal, Union Européenne, 2021). Malheureusement ce chiffre tombe lorsqu’il s’agit du secondaire, avec un faible nombre d’inscriptions et un taux élevé d’abandon, dû notamment aux mariages et grossesses précoces, à la préférence donnée à l’éducation des garçons par manque de moyens économiques ou encore aux conditions d’hygiène dans les écoles. Elles sont seulement 28,9% à passer leur baccalauréat (Profil genre Sénégal, Union Européenne, 2021).

L’accès universel à la santé a été amélioré grâce à une augmentation des centres sanitaires et des actions en faveur des droits des femmes et des filles à la santé de la reproduction. Sur la dernière décennie, l’État du Sénégal a ainsi connu une baisse significative de sa mortalité maternelle, passant de 392 décès sur 100.000 naissances vivantes à 261 (UNFPA, World Population Dashboard), une augmentation de 47,5% du taux d’accouchements assistés par un personnel qualifié et une augmentation de 60% dans l’accès à l’utilisation d’une contraception moderne (fiche pays Sénégal, Fonds Muskoka, 2023). Ces avancées significatives restent toutefois en dessous des préconisations de l’Organisation Mondiale pour la Santé. Certains obstacles à l’accès des femmes à ces soins persistent, notamment lorsqu’il s’agit d’obtenir l’autorisation de leur mari.

Enfin, les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans l’économie du Sénégal puisqu’elles constituent 65% de la population active (Profil genre Sénégal, Union Européenne, 2021). Les obstacles à relever sont toutefois grands : concentrées dans le secteur informel, elles sont aussi les plus touchées par le chômage et les emplois précaires. Elles sont également peu représentées au niveau de la fonction publique et dans les fonctions de cadres ou de gestionnaires d’entreprises. Ces facteurs, combinés aux tâches domestiques qui leur sont traditionnellement attribuées et au peu de pouvoir dont elles bénéficient au sein de leur foyer, ne permettent pas à la majorité d’entre elles d’atteindre l’autonomie économique espérée et de sortir de la pauvreté.

Les actions du Partenariat EDIFIS au Sénégal

WIM SénégalAu Sénégal, le Fonds Genre Sahel soutient trois organisations de la société civile :

  •  Casamasanté qui déploie ses activités dans le département d’Oussouye (région de Casamance) pour garantir l’égalité des chances entre les filles et les garçons.
  • Women in mining (WIM) s’emploie à l’égalité des femmes et des hommes dans les communautés impactées par l’activité minière à Kédougou et Matam.
  • Diapalanté à Saint-Louis, avec l’initiative Employabilité des Femmes Vulnérables (PEFEV), organise des formations générales et professionnalisantes.

L’Assistance Technique EDIFIS soutient au Sénégal :

  • Le ministère de la Famille et des Solidarités pour la mise en place d’un système de suivi-évaluation de la Stratégie pour l’Equité et l’Egalité de Genre II (SNEEG II). Ce système permettra aux parties prenantes, impliquées notamment dans le pilotage, la coordination et le suivi de l’exécution de ladite stratégie, et de pouvoir, dans le temps, apprécier son état d’avancement, d’en tirer les leçons ou/et de proposer des mesures correctrices pour les programmations et actions futures. 
  • Le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération pour le renforcement de l’intégration du genre dans ses interventions. Cette action vise à renforcer les capacités des membres de la cellule genre et de l’équité et des principales directions du ministère en matière de genre, afin d’aboutir à un cadre institutionnel favorable à l’intégration du genre dans le développement. Cette action devrait contribuer au renforcement et à la mise en œuvre du Plan d’Institutionnalisation du Genre (PIG) 2023-2025 du MEPC.
  • En février 2024, un atelier réunissant les cellules de sept ministères et l’Observatoire national de la Parité (ONP) a été organisé afin de renforcer les synergies entre les différentes parties prenantes de l’intégration du genre dans les politiques publiques. En juin 2024, un second atelier a rassemblé la DEEG et les cellules genre des ministères sectoriels afin d’échanger sur les défis liés aux changements institutionnels induits par le nouveau gouvernement, afin de s’assurer d’une compréhension commune de la nouvelle politique et d’harmoniser les approches.
  • Soutien au ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique pour l’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de son Plan d’Institutionnalisation du Genre (PIG) et élaboration du tableau de bord de la fracture numérique genre. Cette action permettra de mesurer les progrès réalisés jusqu’à présent, d’en tirer des enseignements pour orienter les prochaines années et enfin de définir le score du Sénégal sur la fracture numérique de genre.