Tchad
Le Tchad est le trait d’union entre le Maghreb et l’Afrique centrale. Avec une superficie de 1 284 000 kilomètres carrés, ce pays continental est le cinquième plus vaste d’Afrique. Pendant longtemps, son économie a reposé principalement sur l’agriculture et l’élevage, employant près de 80 % de la population active.
Si le Tchad a souscrit des engagements internationaux et régionaux en faveur de la promotion et de la protection des droits des femmes et des filles, comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, il tarde encore à ratifier certains instruments tout aussi importants, comme le Protocole de Maputo. Ces retards sont toutefois à mettre en perspective d’un mouvement inverse enclenché par le Gouvernement tchadien qui renforce progressivement depuis dix ans son arsenal juridique national protégeant les femmes et les filles.
Ainsi, au-delà de sa constitution qui consacre le principe d’égalité, sans distinction de sexe, le Tchad a également instauré dans son nouveau Code pénal de 2017 la criminalisation des violences basées sur le genre et dans son Acte n0 0006/PR/02 l’interdiction de la violence domestique et sexuelle ainsi que les mutilations génitales féminines. Il a également adopté en 2017 une Politique Nationale Genre, opérationnalisée à travers un premier plan d’action 2019-2023, et a pris en compte spécifiquement le genre dans sa « Vision 2030, le Tchad que nous voulons », document de politique nationale qui encadre les plans du gouvernement jusqu’en 2030.
Malgré les efforts consentis par le gouvernement, les enjeux et défis liés à l’égalité de genre sur les trois thématiques d’EDIFIS (éducation, santé de la reproduction et insertion socio-économique) restent majeurs dans la société tchadienne, confrontée aux déséquilibres entre les sexes, entre zones rurales et urbaines et entre zones en conflit et stables. Les croyances, pratiques et attitudes, encore très prégnantes et stéréotypées, ne font que renforcer ces inégalités.
Avec un taux d’analphabétisme parmi les plus élevés au monde, notamment chez les femmes (89%), le Tchad a des défis conséquents à relever en matière d’éducation primaire et secondaire. Si le taux de scolarisation des jeunes filles semble relativement acceptable au primaire (86,8% avec un index de parité genre de 0,77), il convient le compléter par plusieurs éléments : le taux d’achèvement d’une part, qui n’est que de 23% au primaire, et le taux de scolarisation sur les cycles secondaires et supérieurs, qui s’amenuisent au fur et à mesure de leur progression et au plus où on s’éloigne de la capitale, Ndjamena. (Analyse Genre du Tchad, Union Européenne, 2021 ).
Concernant la santé de la reproduction, les données sont préoccupantes puisque la mortalité maternelle est estimée en 2020 à 1.063 pour 100.000 naissances vivantes avec seulement 24% des naissances ayant été assistées par un personnel de santé qualifié. De même, elles sont seulement 7% de femmes tchadiennes âgées entre 15 et 49 ans à avoir eu accès à un moyen de contraception moderne en 2023 (Source UNFPA).
Enfin, dans le secteur économique tchadien, dominé par l’agriculture et l’élevage (42% du PIB en 2020), les femmes sont moins actives que les hommes (49% d’occupation contre 72% chez les hommes). Les freins, principalement culturels et sociaux, les empêchent de participer pleinement à l’économie du pays et d’être représentées dans des activités lucratives ou dans des filières porteuses. Les femmes tchadiennes sont également minoritaires dans les postes à responsabilité ou dans les positions qualifiées (Analyse Genre du Tchad, Union Européenne, 2021 )
Les actions du Partenariat EDIFIS au Tchad
Au Tchad, le Fonds Genre Sahel accompagne deux organisations de la société civile :
– AFPAT, dont l’initiative soutenue par EDIFIS a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la situation économique et juridique des femmes et des filles en milieu rural par la promotion de l’entrepreneuriat féminin durable et la vulgarisation des instruments juridiques de protection de la femme.
– PILC et son initiative pour l’autonomisation des femmes survivantes de violences faites aux femmes et aux filles. Son objectif est de contribuer à la réduction des inégalités femmes-hommes afin que les femmes et les filles survivantes de violences prises en charge dans les centres d’écoute du PILC connaissent une amélioration de leur sécurité, de leur considération, de leur bien-être et de leur rôle dans la société.
L’Assistance Technique EDIFIS soutient au Tchad :
- Le ministère de la Femme, de la Promotion de la Petite Enfance et de la Solidarité Nationale pour dresser l’état des lieux de la mise en œuvre de son plan d’action 2019-2023 de la Politique Nationale Genre. Une autre action complémentaire en cours accompagne l’opérationnalisation du premier Plan d’Action National de la Résolution 1325 des Nations Unies (Agenda Femmes, Paix et Sécurité). Ces expertises combinées permettront de concrétiser la volonté du gouvernement d’accélérer les progrès pour l’égalité femme – homme au Tchad.
- Le ministère de l’Éducation Nationale et de la Promotion Civique pour la capitalisation des actions de scolarisation des filles menées entre 2018 et 2023 au Tchad. Un atelier dédié a permis aux OSC de valoriser leurs actions auprès des représentants de la Direction de Développement de l’Éducation des Filles et de la Promotion de Genre (DDEFPG). Cette action a permis au ministère d’identifier et d’intégrer les bonnes pratiques afin d’améliorer le Plan Intérimaire de l’Éducation.
- La promotion de la coordination des actions des partenaires techniques et financiers. L’Assistance Technique s’est impliquée dans la structuration d’un groupe de coordination des acteurs aux côtés de ONU Femmes, du PNUD, de l’ambassade de France et de l’AFD, en soutien et avec l’implication de la Direction Générale Genre et équité du ministère de la Femme, de la Promotion de la Petite Enfance et de la Solidarité Nationale. Ce groupe réuni actuellement une dizaine de bailleurs avec l’objectif de renforcer la coordination entre eux et avec le gouvernement.